23/07/2024 reporterre.net  3min #253281

Greenpeace Usa menacée de disparition par une « procédure-bâillon »

Des membres de Greenpeace USA à une manifestation anti-Trump en 2017. - William Fowler / CC BY 2.0 / Flickr via Wikimedia Commons

Des membres de Greenpeace USA à une manifestation anti-Trump en 2017. - William Fowler / CC BY 2.0 / Flickr via Wikimedia Commons

L'entreprise américaine Energy Transfer réclame au moins 300 millions de dollars (275 millions d'euros) à Greenpeace USA, l'accusant de dégradations lors des mobilisations contre son pipeline dans le Dakota du Nord aux États-Unis. Avec les dommages-intérêts supplémentaires réclamés par l'entreprise, cette somme pourrait s'élever à 900 millions de dollars, un record pour Greenpeace. Or,  écrit Le Monde, l'ONG « a de forts risques de perdre le procès, qui aura lieu en février et mars 2025, ce qui menace son existence aux États-Unis - où elle compte 205 employés ».

Si la société pétrolière ne renonce pas à ses poursuites, l'ONG environnementale annonce qu'elle portera plainte contre cette « procédure baillon », en vertu d' une récente directive européenne. Cette directive « crée un nouveau chef de compétence spécial afin de faire en sorte que les cibles des poursuites-bâillons domiciliées dans l'Union disposent d'un recours efficace dans l'Union contre des procédures judiciaires abusives [...] engagées devant une juridiction d'un pays tiers par un requérant domicilié en dehors de l'Union ».

« Ce procès vise clairement à faire taire les défenseurs de l'environnement et à saper la contestation contre les entreprises d'énergies fossiles », a estimé Greenpeace dans  un communiqué, ce mardi 23 juillet.

Un oléoduc de 1 900 km

Energy Transfer estime que l'ONG a été à l'origine des  mobilisations de milliers de militants, entre août 2016 et mars 2017, organisées par des tribus amérindiennes pour empêcher la construction de cet immense oléoduc, le Dakota Access Pipeline, passant près de la réserve sioux de Standing Rock, dans le nord des États-Unis. Gelé sous Barack Obama, puis relancé par son successeur Donald Trump, il a finalement été construit et mis en fonction en juin 2017.

L'oléoduc traverse quatre États sur près de 1 900 km, du Dakota du Nord à l'Illinois. Les tribus Sioux craignent des fuites de pétrole menaçant leurs sources d'eau potable et leurs cimetières sacrés. Malgré une décision de justice en leur faveur, en 2020, estimant que le tracé du pipeline ne respectait pas la loi nationale sur la politique environnementale (Nepa), l'infrastructure continue de fonctionner, et peut transporter jusqu'à l'équivalent de 750 000 barils chaque jour.

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